Cahier n°2 pour l'exposition Hic, nos..., Galerie Jacob, Paris 22.05-15.07.1997.
8 pp., 21 x 21 cm, 6 ill.
Texte de Sabine Puget.
Ici, entre ciel et écorce, nous mêlons notre humanité au grand enchevêtrement de la nature. Ici, nous trouvons une ambition à notre solitude ; en amont, et en aval de nous-mêmes la permanence de notre obstination, la pérennité de notre présence donnent le temps à notre brièveté.
Sans être un lieu de retrouvailles avec soi, sans ouvrir sur le souvenir d'une Arcadie heureuse, le paysage de Philippe Ségéral est l'image d'un monde immobile qui préexiste et survit à la démesure de nos rêves. Nous l'habitons de notre absence, nous le couvrons du sang de nos cris et chacune de nos péripéties grandioses et minuscules se recouvre immanquablement du silence de son indifférence.
Notre abandon à la frénésie du sommeil succède à l'entraînement du carnage. Nous ne nous lassons pas de nous battre pour que notre empreinte ne soit plus à la marge du grand livre du monde.
Philippe Ségéral dessine de mémoire millénaire la permanence d'un ordre originel, sa puissance brutale indomptée et indomptable. Nous en sommes partie et la fatalité ou son oubli nous jette, de tous temps, dans des combats dont seule la dimension épique rachète les absurdes férocités.
Mais la mer se trouble-t-elle des débris d'un naufrage ? Les hordes, seraient-elles d'or, restent à jamais les envahisseurs de l'apparence.
