Philippe Ségéral

Catalogue Le centaure ébloui (2007)


Catalogue de l'exposition Le centaure ébloui, Galerie Luciien Schweitzer, Luxembourg 19.04-26.05.2007.
64 pp. 29,7 x 21 cm, 61 ill.
Poèmes de Jean Portante
Tirage : 700 ex. Les soixante-dix premiers exemplaires, numérotés et signés, comportent une lithographie originale de Ph. Ségéral avec un poème de Jean Portante tirée sur japon (Shin Inbe crème).
Texte de Philippe Ségéral


Je n'appartiens pas à un monde qui disparaît.
Je prolonge et je transmets une vérité qui ne meurt pas.
Nicolás Gómez Dávila Escolios a un texto implícito (scolie n° 2317)




Les mythes disent ce qu'il y a — tout ça : les arbres et les bêtes, la mer, la mort, les femmes, la lumière, le sang...  Et qu'il en est quelque chose : les mythes maintiennent dans notre regard, avec une douce mais invincible obstination, la possibilité du sens et de la vérité.

Les quelques histoires que j'interroge en les représentant (après beaucoup d'autres), viennent pour l'essentiel de l'Antiquité classique, le trésor inépuisable, et ce sont celles que le spectacle du monde ramène dans mon esprit avec le plus d'insistance. Probablement parce qu'elles parlent de ce qui nous travaille plus particulièrement, à l'heure qu'il est, où il se trouve que je suis vivant.  

Ainsi l'histoire, obscure et violente, d'Atys, qui dit des choses déconcertantes, il me semble, sur ce que nous appelons la nature. Ou les figures de Pasiphaé, d'Io, de Déjanire... qui lisent de manière inattendue, royalement perpendiculaires à toutes les niaiseries de la pensée politiquement correcte, nos désirs et nos hantises. Celle encore des Centaures, nés et grandis dans l'épaisseur et l'obscur des forêts, et que leurs courses irréfléchies de brutes enlisées dans l'animalité mènent un jour — tôt ou tard, sur une hauteur d'où se découvre soudain la mer, et qui, de la lumière et l'étendue ainsi aperçues, de cet éblouissement, conservent jusqu'à l'heure de rentrer dans l'ombre définitive, un souvenir lancinant, ineffaçable : très exacte image, je crois bien, de ce que je suis (nous sommes ?).

Je dessine le souvenir du Centaure, le monde dont Atys est épris, le rivage solaire où Pasiphaé contemple et convoite un taureau sauvage...

 

PhS 03.05.06




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